Débuter en astrophotographie - partie 2

- Partie 1 / 2 - Partie 2 / 2 Partager

L’astrophotographie sans matériel adapté :

Pour autant il ne faut pas vous décourager, tout le monde n’a pas forcément le budget pour s’équiper idéalement ni le temps de s’investir à corps perdu, et on peut adapter ses envies à ces possibilités :

Il est possible de pratiquer l’astrophotographie sans posséder tout le matériel listé ci-dessus. Par exemple, si vous aimez les ambiances de grand champ d’étoiles, vous pourrez très bien vous passer d’un télescope et photographier les constellations au moyen d’un appareil photo fixé sur trépied. Malgré le mouvement de la voûte céleste, vous pourrez poser pendant 30 secondes sans que cela ne se remarque sur votre image. Il existe même de petites tablettes équatoriales à fixer sur la monture et à actionner manuellement à intervalles réguliers pour rattraper le mouvement apparent du ciel, vous permettant de pousser vos temps de pose jusqu’à 10 ou 15 minutes. A ce rapport de grossissement nul, la mise en station est naturellement bien moins exigeante qu’avec un télescope.

Vous pourrez également faire de magnifiques photographies de mouvements d’étoiles, qu’on appelle « filés d’étoiles », laissant ainsi apparaître un disque circumpolaire, qui entoure l’étoile polaire. Avec un monument en premier plan, cela donne souvent un très beau cliché. Prévoyez tout de même une bonne heure de pose.
Le ciel nocturne à l’œil nu est très intéressant, vous pourrez donc photographier (avec les mêmes réglages que pour les constellations) des rapprochements ou des conjonctions entre les planètes et notre Lune, prendre le fin croissant lunaire ou bien sa lumière cendrée, capturer une éclipse de Lune ou de Soleil, voire même une pluie d’étoiles filantes ou une comète périodique, etc …
Finalement, vous constaterez qui se passe beaucoup de choses dans le ciel, et que l’éventail est large … L’astrophotographie est donc ouverte à tous !

disque circumpolaire

Sachez que vous pourrez même capturer certains objets Messier sans télescope, avec votre seul appareil photo posé sur monture équatoriale : M45 (l’amas des Pléiades), M42 (la grande nébuleuse d’Orion), M31 (la galaxie d’Andromède) sont par exemple des objets très accessibles à des temps de pose relativement courts (quelques minutes au plus) !

Si vous possédez une lunette ou un télescope muni simplement d’une monture azimutale (ou sur monture Dobson), vous serez limité au planétaire mais sachez qu’il ne vous sera pas impossible de photographier certaines de vos observations, comme le Soleil (impérativement au moyen d’un filtre adapté !), la Lune et dans de bonnes conditions Jupiter, Vénus et Saturne. Ces objets lumineux n’exigent que des temps de pose relativement court (une fraction de seconde peut suffire), et en multipliant les photos vous pourrez en tirer quelque chose après traitement informatique. Même si l’objet se déplace à vue d’œil dans l’oculaire, vous pourrez filmer avec votre webcam et ensuite le logiciel de registration décomposera votre film image par image, et les empilera les unes sur les autres ! Ainsi, vous pourrez même effacer certains désagréments comme par exemple la turbulence atmosphérique qui fait onduler et déforment les images … Donc pas de panique, vous trouverez toujours une solution pour vous satisfaire.

dobson

Les compétences nécessaires à la pratique de l’astrophotographie

Le minimum avant de se lancer dans l’astrophotographie, c’est bien évidemment de maîtriser les bases de l’astronomie.
En principe, si on n’est pas du genre à brûler les étapes, avant même d’acquérir son premier télescope on a déjà passé du temps à observer le ciel étoilé à l’œil nu ou bien aux jumelles.
Il est vrai qu’il existe aujourd’hui des télescopes muni du système GOTO : On entre dans un petit boitier le nom d’un objet, et il va au moyen d’un moteur diriger automatiquement le tube vers l’endroit du ciel où se trouve l’objet. C’est bien pratique, mais on est assez loin de la passion pour l’astronomie. C’est bien moins excitant que de passer des heures à pointer un endroit du ciel à l’affût d’une petite galaxie et de la découvrir enfin !
Pour cela, il faut savoir comment est découpé le ciel, connaître les constellations, se faire des repères dans le ciel. Une carte du ciel plastifiée sera votre alliée lors de vos soirées.
Connaître le ciel c’est déjà bien pour observer, mais ce n’est pas suffisant pour photographier. Comme nous l’avons vu plus haut, il faut absolument que la monture de votre télescope assure un suivi parfait à votre tube. Et pour cela il faut aligner la monture sur le pôle nord céleste, c’est-à-dire l’étoile polaire (située dans la constellation de la Petite Ourse, c’est l’étoile du ciel qui semble n’avoir aucun mouvement apparent, car elle est très proche de l’axe de rotation), de façon à ce que l’axe de rotation de la monture soit exactement parallèle à l’axe de rotation de la Terre. Cela s’appelle la mise en station.

carte du ciel

Désormais, vous connaissez le ciel ainsi que le fonctionnement de vote télescope. Il ne vous reste plus qu’à prendre vos photographies, mais pas au hasard. Chaque type d’objet photographié demandera des réglages bien particuliers, avec des temps de poses différents, des sensibilités différentes et un nombre de clichés différents. C’est avec l’expérience que vous apprendrez intuitivement quels réglages seront les plus adaptés à tel type d’objet … Rien ne vaut la pratique.

L’astrophotographie demande un éventail très large de compétences ! Nous l’avons vu : connaissances en astronomie, en photographie, et maintenant en informatique.
L’engouement des astronomes amateurs pour l’astrophotographie depuis une dizaine d’année tient en grande partie à l’amélioration des performances numériques (ce terme englobant aussi bien la photographie que l’informatique).
Au fil des ans, à prix équivalant, les performances des capteurs, des ordinateurs ou des logiciels de traitement d’image ne cessent de s’accroître, et il devient de plus en plus facile d’obtenir de bons résultats en astrophotographie. Mais si la technologie s’améliore d’elle-même, la technique elle demande toujours un investissement humain de la part de l’astronome amateur. Comme cela a été dit plus haut, il vous faudra donc vous familiariser avec des applications qui sauront mettre vos images en valeur, comme IRIS ou REGISTAX, selon la technique dite de la « registration ». Cette technique consiste à empiler plusieurs dizaines ou centaines d’images du même objet, afin d’amplifier le rapport signal / bruit des clichés, le but final étant d’en faire ressortir tous les détails invisibles à l’œil nu et même sur un fichier brut.

compsitage Iris

Récapitulatif des compétences à avoir pour faire de l’astrophotographie :

  • Maîtriser les notions de base de l’astronomie : Connaître le ciel, savoir repérer les constellations et savoir où se trouvent les principaux objets à étudier. Savoir faire une mise en station.
  • Connaître le fonctionnement de son appareil photo ou de sa webcam : Maîtriser les notions de temps de pose, de sensibilité, de focale, d’ouverture du diaphragme, etc … Savoir faire de la photo en afocal ou au foyer.
  • Maîtriser l’outil informatique : Savoir se servir des logiciels dédiés au traitement d’images astronomiques.
  • Vous êtes maintenant conscient que cette discipline exigera beaucoup de vous, mais vous ne devez pas vous décourager, tout le monde y arrive, pour peu que la motivation soit là !

    Notre ciel nocturne recèle de trésors, qu’on distingue en deux catégories, que ce soit pour l’observation ou l’astrophotographie : Le planétaire et le ciel profond.
    Quelles sont les caractéristiques qui différencient ces deux facettes de l’astronomie, et comment cela se traduit-il concrètement quand on veut les photographier ?

    L’astrophotographie planétaire

    On dira que le planétaire, c’est ce qu’il y a de plus facile, car de moins exigeant. Que ce soit en terme de temps de travail, ou même de matériel, le planétaire est bien plus accessible à l’astronome amateur.
    Cela tient au fait que les astres de notre système solaire sont très lumineux, bien plus que les astres du ciel profond. Ils ont beau être très petits, leur brillance vous facilitera beaucoup la tâche.
    Ainsi, le suivi motorisé de votre télescope n’est pas indispensable, même s’il est préférable. La photographie planétaire se pratique idéalement au moyen d’une webcam à capteur CCD : Au prix d’un film de quelques secondes seulement, vous faîtes le tri des meilleurs photos (le film est découpé image par image sur ordinateur) et vous les empilez au moyen de votre logiciel de registration. C’est une solution peu coûteuse (une webcam coûte seulement quelques dizaines d’euros là où un réflex en coûte 10 fois plus), rapide car un film de quelques secondes comportent plusieurs dizaines de clichés alors qu’avec un appareil photo vous allez devoir les prendre un par un, et la qualité de l’image est eu rendez-vous.
    L’astrophotographie planétaire est également très peu exigeante sur la qualité de votre ciel. La pollution lumineuse est un fléau pour l’astronome, mais pas pour l’observation planétaire. Si le ciel orange polluera vos photos de ciel profond, il ne sera pas présent sur des photos planétaires à temps de pose très court !

    astrophotographie planétaire

    L’astrophotographie du ciel profond

    Le ciel profond, comparé au planétaire, c’est une autre paire de manches !
    Il s’agit cette fois de capturer la lumière d’objets situés si loin de nous, que malgré leur très forte brillante très peu de lumière ne parvient à nos yeux … Cette discipline est donc très exigeante en matériel, et en maîtrise de la pratique astronomique.
    Cette fois-ci, la monture équatoriale vous sera nécessaire et indispensable, temps de pose long oblige. Vous aurez également besoin de savoir faire une mise en station digne de ce nom afin d’assurer un suivi optimal. Une bonne monture n’est rien sans une bonne mise en station. Le suivi motorisé devra être lui aussi à la hauteur, vous posséderez un moteur adapté au poids de votre télescope.
    Pour faire de belles photos de nébuleuses ou galaxies, vous aurez besoin de fuir les lumières des villes. Pas question de tenter depuis votre balcon en plein Paris ! Et même si certains filtres anti-pollution lumineuse atténuent les désagréments des éclairages urbains, un temps de pose suffisamment long vous en dissuadera.
    Pour le ciel profond, vous aurez besoin de votre appareil photo réflex avec un bon capteur haute résolution qui gère bien les hautes sensibilités. La webcam n’est pas adaptée car elle ne sait pas faire de temps de pose long. Si vous êtes électronicien dans l’âme, il existe toutefois une technique permettant de modifier l’électronique d’une webcam pour qu’elle gère cette option de temps de pose long … Mais le capteur de la webcam sera de toute façon plus faible que celui d’un bon réflex, et la résolution de vos clichés s’en ressentira.

    astrophotographie ciel profond

    Au final, vous constaterez vite que la pratique de l’astrophotographie se pratique dans un ordre qui va crescendo au niveau de l’investissement financier et des compétences techniques.
    L’astronome amateur type commencera par photographier sans télescope le ciel visible à l’œil nu, puis il investira dans un télescope et commencera à photographier d’abord la Lune, le Soleil, puis ensuite les planètes … Pour finir, quand il sera bien aguerri à toutes les techniques de capture d’image, il se lancera à corps perdu dans la photographie du ciel profond.
    Il est important de procéder dans cet ordre, pour ne pas brûler les étapes, sans quoi le risque encouru est de se décourager et d’abandonner la pratique de sa passion. Tout vient à point à qui sait attendre …

    Partager